La fermeture du site d’Orange à Marseille, en raison de l’insécurité liée au trafic qui règne dans la Cité phocéenne, illustre la dérive mafieuse de notre pays qui conduit à l’instauration d’une contre-société incorporant de vastes parties de l’État et de secteurs de l’économie.

Nicolas Baverez. Francois Bouchon
Orange a fermé son site de Marseille où travaillent plus de 1000 personnes à partir du 28 novembre jusqu’à la mi-décembre, en raison de l’insécurité liée au narcotrafic qui règne dans le quartier de Saint-Mauront où ont éclaté plusieurs fusillades.
La même semaine, BNP-Paribas a annoncé le déménagement vers Levallois-Perret et la Défense des 2000 salariés basés à Aubervilliers dans le quartier de Rosa Park, miné par le crack et la prostitution qui ont été déplacés de l’autre côté du périphérique parisien à l’occasion des Jeux olympiques de 2024.
Ces décisions illustrent le poids croissant de l’effondrement de l’ordre public dans la gestion et la stratégie des entreprises, contraintes de fuir les zones de non-droit – telle la Seine-Saint-Denis où le taux de vacance des bureaux atteint désormais 28 % -, afin d’assurer la continuité de leurs opérations et la sécurité de leurs collaborateurs.
Après les familles, après les écoles, ce sont les entreprises qui n’ont d’autre choix que de se délocaliser pour laisser la place à la drogue et aux activités criminelles, compte tenu de l’impuissance des pouvoirs publics.
Simultanément, les enlèvements et le racket deviennent une industrie, comme on l’a vu avec les dirigeants du secteur des cryptomonnaies et leurs proches.
L’explosion de la violence et sa montée en intensité ne sont donc plus seulement un problème de société et une pathologie politique qui nourrit l’extrême droite, mais un mal structurel pour notre économie ainsi qu’un handicap majeur pour l’attractivité de notre pays.
L’effondrement de l’ordre public
La France connaît de fait un effondrement de l’ordre public. Il n’existe plus aucun individu, aucune institution, aucune partie du territoire qui soit aujourd’hui en sécurité, notamment le monde rural comme il a été montré par le meurtre de Thomas à Crépol.
Trois homicides sont commis chaque jour, avec un doublement du nombre de mineurs mis en cause depuis 2017.
Les attaques au couteau sont endémiques dans les écoles, ciblant les élèves comme les professeurs et les surveillants.
Le narcotrafic envahit l’Hexagone, réalisant un chiffre d’affaires de 7 milliards d’euros, employant 240.000 personnes, approvisionnant 1,4 million et 1,1 million de consommateurs réguliers de cannabis et de cocaïne, contrôlant de larges zones de 173 villes.
Dans l’indifférence générale, la France est devenue une plaque tournante dans la géopolitique de la drogue, à travers ses ports et ses aéroports.
Avec pour corollaire une dynamique de mexicanisation indissociable de la corruption croissante de douaniers, de gardiens de prison, de policiers et de magistrats. La DZ mafia a ainsi pu lancer une attaque en règle contre les prisons et les personnels pénitentiaires dans l’ensemble de l’Hexagone.
Notre pays n’est pas confronté à une montée de la criminalité mais à une dérive mafieuse qui conduit à l’instauration d’une contre-société incorporant de vastes parties de l’État et de secteurs de l’économie aussi divers que l’immobilier, le bâtiment, le tourisme, la restauration, le commerce de proximité ou le sport.
L’autre contre-société qui croise la première est le monde musulman.
Une large majorité (57 %) des jeunes musulmans, âgés de 15 à 24 ans, est convaincue que les lois de l’islam sont supérieures à celles de la République.
Le terrorisme, qui constitue la forme la plus radicale de la revendication islamiste, n’est plus le fait de commandos projetés comme lors des attentats du Bataclan, mais reste endémique, sous la forme de jeunes fanatisés par les réseaux sociaux qui passent à l’acte.
Durant la dernière décennie, après le 13 Novembre, plus de 50 attentats ont ainsi été perpétrés dans notre pays, causant de nombreux morts, tandis que 80 projets étaient déjoués.
(…)
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(Chronique parue dans Le Figaro du 30 novembre 2025)
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