Donald Trump a plongé dans le chaos les échanges et les paiements mondiaux.
Le 2 avril 2025 ne marquera pas le début d’un âge d’or de l’Amérique, mais celui du suicide de son leadership. Depuis 1945, pour éviter la répétition des tragédies de l’entre-deux-guerres, les États-Unis ont promu le libre-échange, qui a connu une formidable expansion avec la mondialisation. Cette ouverture des échanges a assis la suprématie des États-Unis, qui ont maintenu leur part de 25 % dans le PIB mondial.
Donald Trump a ruiné quatre-vingts ans d’une stratégie aussi bénéfique pour la puissance des États-Unis que pour la cohésion et le rayonnement de l’Occident en déclenchant une guerre économique totale. Au total, le niveau moyen des droits est porté à 24 %, niveau sans précédent depuis la fin du XIXe siècle. Ces mesures ont entraîné des représailles immédiates, notamment de la Chine (34 % sur toutes les importations américaines) et du Canada (25 % pour les véhicules importés des États-Unis).
Le tournant protectionniste des États-Unis est une catastrophe économique. Le pays n’a aucune chance de redresser sa balance commerciale, dont le déficit structurel découle du déséquilibre entre l’épargne, très faible, et l’investissement. En revanche, l’économie américaine est menacée de récession. L’augmentation massive des droits de douane implique une hausse des prix mécanique de 2,8 % – atteignant 5 000 dollars en moyenne par voiture – qui laminera le pouvoir d’achat. La désorganisation des chaînes de valeur affaiblira par ailleurs la production nationale. Les marchés financiers chutent de près de 20 % depuis le début de l’année, amputant les pensions de retraite.
Simultanément, Donald Trump a plongé dans le chaos les échanges et les paiements mondiaux. Il a réédité l’erreur tragique du tarif Hawley-Smoot de juin 1930, qui, en augmentant les droits de douane sur plus de 20 000 produits, provoqua une flambée du protectionnisme et des dévaluations compétitives. La récession américaine se transforma ainsi en dépression mondiale, provoquant entre 1929 et 1933 un effondrement des échanges mondiaux de 50 %, une chute de la production industrielle de 35 % et une explosion du chômage qui contribuèrent à l’arrivée au pouvoir de Hitler et à la floraison
L’Europe ne doit pas se limiter à des représailles protectionnistes.
des régimes autoritaires. Les milliardaires de la Silicon Valley ont montré ainsi le même aveuglement et la même irresponsabilité que les grands industriels de la République de Weimar en s’imaginant pouvoir manipuler et contrôler Donald Trump.
L’Union européenne, qui est la première cible du protectionnisme de l’administration Trump, joue sa survie. Elle génère en effet 17 % des importations américaines. Et les exportations vers les États-Unis représentent 3,8 % du PIB de l’Allemagne et 1,5 % de celui de la France. Face à une guerre économique totale, l’Europe doit imaginer une riposte de long terme et ne pas se limiter à des représailles protectionnistes.
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Chronique parue dans Le Point du 10 avril 2025