Paralysée par la faillite de ses finances publiques, la France est incapable de se réarmer, à l’inverse de l’Allemagne.
Le général Fabien Mandon a fait scandale, le 18 novembre, en appelant devant l’Association des maires de France notre pays à « accepter de perdre ses enfants ». C’est à raison que le chef d’état-major des armées pointe le déni de la menace existentielle que constitue la Russie et du risque d’une confrontation armée avec elle à l’horizon 2030.
Pour autant, il a commis deux erreurs majeures :
- La première, tactique, en se laissant instrumentaliser par Emmanuel Macron pour créer une diversion face à la paralysie du gouvernement, à la pantalonnade budgétaire, à la banqueroute financière, à la tétanie de l’économie et à l’ensauvagement de la société.
- La seconde, stratégique, en jouant sur la peur et en créant la panique – au risque de hâter l’arrivée d’un pouvoir autoritaire –, au lieu d’exposer les voies d’un véritable réarmement apte à dissuader la Russie.
Le chef d’état-major des armées a acté l’incapacité de la France en faillite à moderniser ses armées au moment où l’Europe réarme. L’Allemagne est sur ce point exemplaire, qui projette de faire de la Bundeswehr la première armée conventionnelle du continent en 2030, forte d’un budget de 180 milliards d’euros.
Elle prévoit pour cela d’investir 50 milliards dans les blindés, 80 milliards dans le naval, 35 milliards dans l’espace, 35 milliards dans le numérique, 10 milliards dans les drones et 80 milliards dans les munitions. Et ce de manière crédible puisque les commandes militaires s’élèveront à 83 milliards en 2026.
La France est à l’opposé.
Service militaire sélectif
La revendication d’une posture de puissance d’équilibre n’a aucun sens dans un monde et une Europe en guerre. La France doit cesser de parler du réarmement pour le réaliser, à travers six clarifications :
- Clarification sur notre stratégie, dont le cœur doit devenir la dissuasion de la Russie et de sa doctrine privilégiant les frappes sur les populations civiles.
- Clarification sur la conduite du réarmement, qui ne peut être confiée ni à l’Otan ni à l’Union mais doit incomber à un directoire des puissances du continent intégrant le Royaume-Uni aux côtés de la France, de l’Allemagne, de la Pologne, de l’Italie, de l’Espagne et de la Suède.
- Clarification sur la dissuasion, avec le renforcement de la composante aérienne et l’abandon de tout partage qui ruinerait sa crédibilité.
- Clarification sur la conversion de l’armée conventionnelle au combat de haute intensité, qui implique d’augmenter le volume des forces et de mettre l’accent sur la numérisation et la dronisation.
- Clarification sur la défense du territoire, avec la création d’une force de 50 000 hommes fondée sur un service militaire sélectif.
- Clarification sur les moyens budgétaires, avec un objectif de 3 % du PIB en 2030, qui ne peut être financé que par des coupes dans l’État providence (34 % du PIB).
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(Chronique parue dans Le Point du 1er décembre 2025.)
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