Le choix de Maria Corina Machado pour le prix Nobel de la paix 2025, constitue un signal d’espoir pour le Venezuela.
Le cas d’école d’un pays riche, doté d’une classe moyenne dynamique, qui a été réduit à la ruine par un socialisme poussé à l’extrême.
Le prix Nobel de la Paix pour 2025 n’a fort heureusement pas été attribué à Donald Trump mais à Maria Corina Machado, l’héroïque opposante à la dictature de Nicolas Maduro au Venezuela.
La « Libertadora », déjà récompensée par le prix Vaclav-Havel pour les droits de l’homme en 2024, est aussi remarquable par son combat pour la démocratie et son courage, puisqu’elle vit dans la clandestinité depuis l’élection truquée de 2024, que par son refus de la lutte armée, son choix de la désobéissance civile et son engagement pour une transition pacifique, loin de toute forme d’extrémisme.
Très intelligemment, elle a dédié son prix à Donald Trump afin d’éviter tout ressentiment de sa part.
L’exemple d’Alexandre Soljenitsyne, distingué par le prix Nobel de littérature en 1970, a montré que le Nobel peut encourager la résistance de la société civile face aux dictatures et aider à dissiper l’alliage du mensonge et de la terreur sur lequel elles reposent.
De ce point de vue, le choix de Maria Corina Machado constitue un signal d’espoir non seulement pour le Venezuela mais pour la démocratie, à l’heure où elle traverse une crise existentielle.
Le Venezuela constitue le cas d’école d’un pays immensément riche, doté d’une classe moyenne dynamique et d’une élite intellectuelle remarquable, qui a été réduit à la ruine, à la misère et à la servitude par la révolution chaviste se réclamant du socialisme du XXIe siècle.
Un pays réduit à la ruine
Alors que le pays possède les premières réserves de pétrole devant l’Arabie saoudite, mais aussi d’immenses gisements de gaz, d’or, de bauxite, de fer, de nickel et de métaux rares, l’économie a été euthanasiée.
- Le PIB a diminué de 75 % entre 2014 et 2020 et régresse depuis de 10 % par an en moyenne, effondrement unique depuis 1945 pour un pays qui n’est pas en guerre.
- L’inflation, qui a culminé à 130.000 % en 2018, atteindra 350 % en 2025.
- Le bolivar a été dévalué de 99 %, ce qui a entraîné la dollarisation des échanges et des paiements – paradoxe ultime pour un régime qui se pose en héraut de la lutte contre l’impérialisme américain.
- Alors que le déficit public est proche de 15 % du PIB, le Venezuela a fait défaut sur sa dette souveraine qui s’élève à 137 % du PIB.
- Au moment où la mondialisation libérait de l’indigence 1,2 milliard d’hommes, la révolution bolivarienne a réduit à la grande pauvreté 90 % de la population.
- Le coût du panier alimentaire pour une famille de 5 personnes se monte à 500 dollars par mois quand le salaire minimum est de 1 dollar.
- La mortalité infantile a rejoint celle du Pakistan, tandis que la tuberculose et le paludisme sévissent à l’état endémique.
- La société a été ramenée à l’état de nature et des pans entiers du territoire livrés aux organisations criminelles, faisant du Venezuela un des pays les plus dangereux du monde avec 6 884 homicides en 2024.
Face à ce naufrage, le régime n’a cessé de renforcer la répression tout en se transformant en narco-État.
L’élection présidentielle du 28 juillet 2024, imposée par la pression internationale, a été massivement fraudée.
Nicolas Maduro a été proclamé vainqueur avec 51,20 % des suffrages, alors que le dépouillement donnait 67 % des voix à Edmundo Gonzalez Urrutia, candidat de l’opposition après l’interdiction faite à Maria Corina Machado de se présenter.
Les manifestations qui suivirent furent écrasées avec une violence extrême, au prix de 25 morts et de milliers d’arrestations arbitraires. Edmundo Gonzales fut contraint à l’exil en Espagne et Maria Machado condamnée à se cacher.
Simultanément, l’État chaviste s’est transformé en plateforme de la drogue.
L’armée dispose de son propre cartel, Los Soles, et les services de sécurité recourent aux services des narco-trafiquants, notamment ceux particulièrement violents de Tren de Aragua, pour liquider les opposants à l’étranger.
Face à la ruine de son pays, Nicolas Maduro menace également d’invasion les pays voisins, revendiquant l’annexion de la province d’Essequibo du Guyana, riche en gisements pétroliers offshore.
La descente aux enfers du Venezuela a contraint à l’exil 8 de ses 28 millions d’habitants, déstabilisant les pays d’Amérique Latine et contribuant à la révolte des Américains contre l’immigration irrégulière. Le régime chaviste, du fait de sa nature dictatoriale et mafieuse, est désormais isolé sur la scène internationale et mis au ban des nations.
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(Chronique parue dans Le Figaro du 19 octobre 2025)
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