Notre pays dispose d’atouts majeurs pour rebondir : son capital humain, son épargne, son énergie nucléaire décarbonée, ses infrastructures, les groupes du CAC 40, son patrimoine, sa culture et sa civilisation.
La Ve République, régime hybride à la fois présidentiel et parlementaire, a été conçue pour garantir la stabilité de l’État afin de lui permettre de répondre aux chocs de l’histoire et d’assurer en toutes circonstances la continuité de la vie nationale.
Elle a été dénaturée par Emmanuel Macron qui l’utilise non pour servir l’intérêt de la France mais pour se protéger des citoyens après la perte de toutes les élections nationales depuis sa réélection à la présidence de la République.
Et ce au prix de la restauration du régime d’assemblée et de la tyrannie des partis.
La situation du pays et le blocage des institutions commandaient aujourd’hui de revenir vers les électeurs à travers la dissolution ou, mieux encore, la démission du président de la République, annoncée suffisamment à l’avance pour éviter de donner une prime aux extrémistes, permettre aux forces politiques de s’organiser, laisser un temps suffisant pour que le débat se noue et que les citoyens décident en conscience de leur destin et de celui du pays.
Emmanuel Macron et le système politique se sont accordés sur l’inverse : tout plutôt que des élections législatives ou une présidentielle anticipées. C’est ainsi que Sébastien Lecornu a été reconduit premier ministre le 10 octobre.
Le 8 octobre, il avait annoncé l’approbation en Conseil des ministres dès le 13 octobre du projet de loi de finances pour 2026 afin de respecter le délai de 70 jours prévu par la Constitution pour son examen par le Parlement.
Les contreparties de ce marché de dupes, qui ne garantit en rien la stabilité de l’exécutif ou le vote d’un budget, sont exorbitantes :
- renonciation du chef de gouvernement à recourir à l’article 49.3 de la Constitution ;
- suspension de la réforme des retraites et ouverture d’un débat au Parlement qui risque fort de déboucher sur son abrogation ;
- objectif de déficit public pour 2026 relevé de 4,7 % du PIB au-dessus de 5 % ;
- instauration de nouvelles taxes sur le capital et sur les entreprises pour financer le surcoût des retraites.
Fausse médiation, vraie reconduction.
Ce nouveau coup de force ne peut qu’échouer, faire monter la colère dans le pays et le dégoût des citoyens, non sans risque de violence politique.
Ce faux compromis marque une déconnexion totale avec les maux structurels de notre pays.
La suppression de facto de l’article 49.3 affaiblit encore l’exécutif, en apesanteur depuis la dissolution, dans une période critique de guerre économique totale des États-Unis contre l’Europe, de dumping des exportations chinoises, de menace sans cesse croissante de la Russie qui, en plus de dévaster l’Ukraine, teste quotidiennement la défense du continent, multiplie les ingérences politiques et livre une impitoyable guerre de l’information à ses démocraties.
Le retrait de la réforme des retraites, unique mesure structurelle de maîtrise des dépenses depuis 2017, coûtera 500 millions en 2026, 3 milliards en 2027, 13 milliards à l’horizon de 2030, en plus d’un déficit prévisionnel de 15 milliards.
Et ce, alors que la démographie s’effondre avec une fécondité réduite à 1,61 enfant par femme et un solde naturel négatif en 2025 pour la première fois depuis 1945, que la croissance potentielle est limitée à 0,5 %, que la productivité recule, que le chômage structurel remonte.
L’économie est paralysée par les rafales de nouvelles taxes, le blocage de la décision publique, les fuites massives de capitaux et d’entrepreneurs, cumulant consommation en berne, envol de l’épargne, fonte de l’appareil de production, de l’investissement et des exportations.
La dette publique, qui atteindra 120 % du PIB dès 2026, devient insoutenable dès lors que la croissance nominale plafonne à 2,2 % quand les taux d’intérêt s’élèvent à 3,6 %. Avec un impact direct pour le secteur financier et le CAC 40, mais aussi l’asphyxie de tout le pays, dont les dettes publiques et privées dépassent 300 % du PIB.
La classe politique française adresse ainsi aux Français, comme aux marchés financiers et à nos partenaires européens, un message aussi clair que désastreux.
Son seul programme est de durer ; son seul point de convergence porte sur la sanctuarisation des retraites et des dépenses sociales qui représentent 34 % du PIB, le refus de toute diminution des dépenses publiques qui culminent à 57,1 % du PIB, la poursuite des hausses d’impôts et de charges qui ont euthanasié la production, le travail, l’investissement et l’innovation.
Donc la poursuite méthodique du modèle de la décroissance à crédit qui ruine notre pays depuis près d’un demi-siècle. Ce faisant, la loi d’airain des partis aboutit à une capitulation inconditionnelle, remettant le destin de la France entre les mains du FMI, de la BCE et de nos partenaires européens qui ne nous feront aucun cadeau.
Voilà pourquoi, comme en 1958, il faut renouer avec la politique de la France pour conjurer les ravages de la politique des partis.
La politique de la France, c’est avoir le courage de dire où nous en sommes, en appliquant la maxime du général de Gaulle selon laquelle « il n’y a de réussite qu’à partir de la vérité ».
Et la dure vérité est celle de l’effondrement d’un pays qui a perdu la maîtrise de son économie, de ses finances, de l’ordre public, des flux migratoires, de sa défense jusqu’à devenir l’homme malade d’une Europe elle-même en crise existentielle.
(…)
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(Chronique parue dans Le Figaro du 12 octobre 2025)
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