Pourquoi l’Europe ne doit pas renoncer à ses ambitions écologiques à l’heure où la course aux armements a pris le pas sur la préservation de l’environnement.

La COP30, qui se déroule sous la présidence du Brésil de Lula du 10 au 21 novembre, était censée, dix ans après l’Accord de Paris, ouvrir une nouvelle phase de la lutte contre le réchauffement climatique en donnant la priorité à l’action.
D’où le choix du Brésil, en écho au Sommet de la Terre de Rio en 1992, et de Belém, aux portes de l’Amazonie.
Mais, en une décennie, le contexte a radicalement changé et le monde a basculé dans une confrontation permanente où la course aux armements a pris le pas sur la préservation de l’environnement. L’Amazonie en est le symbole, ancien poumon de la planète devenu, depuis 2010, émetteur net de carbone à hauteur de 100 millions de tonnes.
Signe du changement dans la perception de la menace climatique, la COP30 se déroule en l’absence des États-Unis, de la Chine et de l’Inde, principaux pollueurs de la planète. Seuls 29 chefs d’État et de gouvernement sont présents à Belém, contre 75 l’an dernier à Bakou.
Surtout, on ne trouve que 99 parties sur 197, ne couvrant que 62 % des émissions de gaz à effet de serre, pour avoir présenté leur contribution à leur réduction.
Depuis la signature de l’Accord de Paris en décembre 2015, des bouleversements majeurs sont, de fait, intervenus. L’objectif de limiter à 2 °C, et dans l’idéal à 1,5 °C la hausse de la température de la planète en 2100 par rapport à l’ère préindustrielle est désormais inatteignable, la planète se dirigeant vers un réchauffement de 2,8 °C.
La diminution des émissions ralentit, voire s’inverse aux États-Unis, tandis que la concentration de méthane est au plus haut.
Face au déni
Donald Trump a engagé une guerre culturelle totale contre la transition climatique, assimilée à une menace contre la croissance, la liberté et la souveraineté des nations.
Il a ainsi dénoncé le « piège de l’arnaque verte » à la tribune des Nations unies, le 23 septembre, tandis que son administration démantèle tous les soutiens et les concours aux énergies renouvelables ou à la science du climat.
Le président américain s’appuie sur le retournement des opinions dans les pays développés face à une vision dogmatique et punitive de l’écologie qui entend organiser la dépossession des classes populaires et moyennes de leur logement, de leurs moyens de transport, de l’accès à une énergie et à une alimentation abordables.
Enfin, la configuration géopolitique a radicalement changé avec la fin de la mondialisation et l’ouverture d’un âge des empires placé sous le signe d’une paix impossible et d’une guerre permanente, érigeant la sécurité en priorité absolue.
Si elle ne repose pas sur un agenda ou des objectifs précis, la COP30 comporte ainsi des enjeux considérables.
- Le premier porte sur la relance du multilatéralisme autour de l’urgence climatique, en dehors des États-Unis mais avec l’appui des géants du Sud.
- Le deuxième est lié à la poursuite de la décarbonation de l’économie, à travers l’exécution des plans de réduction des émissions pour la période 2026-2030.
- Le troisième concerne la réaffirmation de la sortie progressive des énergies fossiles, grande oubliée de la COP29 de Bakou.
- Le quatrième a trait à la lutte contre la déforestation, puisque 10 millions d’hectares de forêts tropicales sont détruits chaque année – le Brésil étant responsable de 70 % de la déforestation au cours de la dernière décennie. Le cinquième vise à réintégrer l’adaptation au réchauffement dans les politiques climatiques.
Au moment où le déni du réchauffement climatique remonte en flèche, il est essentiel de rappeler sa réalité, comme ses conséquences dramatiques pour l’humanité, l’économie et la stabilité du monde.
Les onze dernières années furent les plus chaudes depuis 176 ans.
L’année 2025 restera comme l’une des trois plus chaudes (1,42 °C au-dessus de la moyenne de l’ère préindustrielle), après 2024, qui a atteint le niveau fixé par l’Accord de Paris pour 2100 (1,5 °C).
La hausse du niveau de la mer s’élève à 3,91 mm par an dans les années 2020 contre 1,85 mm depuis le début du XXe siècle.
Le lien est direct avec la multiplication des événements climatiques extrêmes, à l’instar de l’ouragan Melissa qui a dévasté les Caraïbes, du typhon Kalmaegi qui a ravagé les Philippines, des pluies torrentielles au Pakistan ou au Vietnam.
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(Chronique parue dans Le Point du 14 novembre 2025.)
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