Le budget 2026 planifie un choc financier majeur sur notre pays.
Les Français subiront la double peine : confrontés à la destruction de l’économie et à la faillite de la nation, ils auront en plus la dissolution.

Nicolas Baverez. Francois Bouchon
La France connaît en cette fin d’année 2025 une crise sans précédent depuis 1958, qui combine une instabilité gouvernementale chronique, la paralysie de l’État, l’effondrement de l’économie, la perte totale de contrôle des finances publiques.
Le déficit public est le plus élevé de la zone euro. La dette, qui atteint 3.416 milliards d’euros soit 115, 6 % du PIB, est devenue insoutenable – la croissance nominale plafonnant à 2,2 % pour des taux d’intérêt de 3,5 % -, ce qui se traduit par des dégradations en cascade de la signature de notre pays.
L’intérêt supérieur de notre nation comme de l’Europe commande donc d’engager sans délai le redressement économique et financier, en s’inspirant des stratégies engagées avec succès par les pays scandinaves et méditerranéens ainsi que du plan d’action élaboré par Mario Draghi pour réorienter la trajectoire de l’Union européenne.
Trois priorités émergent :
- la maîtrise des dépenses publiques qui culminent à plus de 1.700 milliards d’euros dont 900 milliards de transferts sociaux et 500 milliards de charges de fonctionnement des administrations ;
- le soutien de la croissance grâce à la réorientation du modèle économique vers la production, le travail, l’investissement et l’innovation ;
- le réarmement face à la montée des périls extérieurs, à commencer par la Russie chaque jour plus agressive.
Or le budget pour 2026, dessiné par Sébastien Lecornu et l’Assemblée nationale, prend l’exact contrepied de ces urgences. Sa logique est plus que jamais de taxer plus pour dépenser et s’endetter plus.
Les dépenses (1.770 milliards d’euros) ont été alourdies de plus de 12 milliards à travers, entre autres, la suspension de la réforme des retraites (qui coûtera 3 milliards en 2027 et 13 milliards en 2035), le dégel des pensions et des minima sociaux (3 milliards), la défiscalisation des pourboires, des heures supplémentaires et des pensions alimentaires (2 milliards), le crédit d’impôt sur les frais de séjour en Ehpad (600 millions d’euros).
Les entreprises et les ménages, exsangues, subissent un nouveau choc fiscal d’une violence inouïe avec 45 milliards d’euros de prélèvements supplémentaires en plus des 14 milliards prévus par le gouvernement, soit près de 2 % du PIB, portant les recettes publiques à un niveau record de 54 % du PIB.
Du côté des entreprises, la surtaxe qui devait être exceptionnelle sur les bénéfices des entreprises est reconduite et le taux de l’IS porté à 35,6 % au-delà de 3 milliards de chiffre d’affaires (6 milliards). Sont instaurées une taxation de 25 % du chiffre d’affaires des entreprises multinationales en France (26 milliards) et une taxation universelle des bénéfices mondiaux, sans équivalent dans le monde.
S’y ajoutent la hausse de la taxe sur les rachats d’actions de 8 à 33 % (8 milliards) et la création d’une taxe de 20 à 33 % sur les « superdividendes ».
Sans oublier le doublement de la taxe Gafam à 6 % du chiffre d’affaires et le bond de 4,6 à 10 % de la taxe sur les revenus des gestionnaires d’autoroutes et d’aéroports. Et pour finir, la réduction du crédit impôt recherche et son remboursement en cas de délocalisation.
La même frénésie fiscale s’applique aux ménages aisés :
- Alors que 10 % d’entre eux acquittent 75 % de l’impôt sur le revenu et que 1 % en supportent 13 % quand 55 % des foyers fiscaux en sont exonérés, ils vont devoir verser une contribution différentielle sur les hauts revenus relevée à 3 % jusqu’à ce que le déficit retombe en dessous de 3 % du PIB, une taxe (restreinte) sur la trésorerie des holdings, sans oublier la remise en cause du pacte Dutreil, le retour de l’exit tax et le rétablissement de l’ISF.
Quant au réarmement, en raison du poids renforcé des dépenses sociales, il reste purement virtuel faute de crédits budgétaires. Au prix du déclassement accéléré de nos armées dans les technologies clés de la défense.
Les résultats de ce nouveau choc fiscal, venant après ceux de 1981, 1995, 2010-2012 et 2025, sont parfaitement connus. Le déficit pour 2026 sera compris entre 5 et 5,5 % du PIB du fait de la dérive des dépenses liées notamment aux retraites et du blocage de la croissance, très en dessous de la prévision de 1 % du gouvernement.
La dette approchera 120 % du PIB et son service tendra vers 80 milliards d’euros en raison des taux le plus élevés de la zone euro.
La consommation stagnera avec la hausse du taux d’épargne (19 % du revenu disponible des ménages) découlant de l’anticipation des hausses d’impôts. Le recul de la production et de l’investissement entraînera l’envolée des faillites et la remontée du chômage.
La nouvelle augmentation des charges fiscales et sociales aggravera le déficit de compétitivité des entreprises en pleine guerre commerciale, donc le décrochage des exportations.
(…)
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(Chronique parue dans Le Figaro du 1er novembre 2025)
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