Le redressement de l’Italie, venant après celui de l’Europe du Nord et accompagnant celui des nations méditerranéennes à la notable exception de la France, constitue un motif d’espoir.

Nicolas Baverez. Francois Bouchon
Le 22 octobre 2025, Giorgia Meloni a vu son gouvernement passer le cap des trois ans, contre une durée moyenne de 414 jours depuis la création de la République italienne. La stabilité de l’exécutif est fermement ancrée dans sa popularité avec le soutien de 37 % des électeurs, dans la cohésion de la coalition maintenue par un mélange habile de discipline et d’autonomie, et enfin dans une solide majorité.
Le bon fonctionnement du parlementarisme italien sous l’autorité de Giorgia Meloni contraste avec le chaos dans lequel Emmanuel Macron a plongé la monarchie présidentielle de la Ve République, générant une volatilité gouvernementale pire que sous la IVe. Avec pour conséquence l’accélération de la divergence entre le redressement de l’Italie et la descente aux enfers de la France, devenue l’homme malade de l’Europe.
- Depuis l’épidémie de Covid, l’Italie a connu une croissance de 3,9 % contre 1,5 % pour la France et 0,8 % pour l’Allemagne, tirée par l’investissement et les exportations.
- L’activité progressera de 0,7 % en 2025 et en 2026, handicapée par la guerre commerciale lancée par Donald Trump, qui pèsera sur les exportations vers les États-Unis, en recul de 21 % en août.
- Pour autant, l’inflation a été éradiquée, et le chômage continue à diminuer, réduit à 6 % des actifs grâce à la libéralisation du marché du travail et à la maîtrise de ses coûts.
- La richesse par habitant, légèrement supérieure à 40 000 euros par an, dépasse désormais celle de la France.
- Cette année, Rome respectera le plafond de 3 % du PIB fixé pour le déficit public par le pacte de stabilité et le diminuera à 2,8 % en 2026 (contre 8,1 % en 2022 et 7,2 % en 2023).
- L’Italie dégage désormais un excédent primaire qui assure la soutenabilité de la dette, stabilisée autour de 138 % du PIB. Cela se traduit par la révision à la hausse de sa signature financière par les agences (BBB+ par Fitch), par la diminution de l’écart de taux avec l’Allemagne et par des taux d’intérêt désormais inférieurs à ceux acquittés par la France.
Une percée diplomatique
Dans le même temps, le dynamisme du capitalisme familial italien ne se dément pas, assurant un excédent commercial hors énergie de 104 milliards d’euros. La consolidation du secteur bancaire a été engagée par le rachat de Mediobanca par Monte dei Paschi di Siena.
Les entreprises se disputent les dirigeants italiens, de Luca de Meo passé de Renault chez Kering au duo formé par John Elkann et Antonio Filosa chez Stellantis. L’université Bocconi à Milan s’affirme comme une pépinière de talents pour le monde académique comme pour la gestion et l’innovation dans les affaires.
L’exode des fortunes et des talents vers la péninsule s’accélère, soutenu par un forfait d’imposition fixé à 200 000 euros par an et des droits de succession limités à 4 % pour les entreprises familiales, qui prend le contre-pied de la répression fiscale mise en œuvre au Royaume-Uni, en France ou en Suisse.
Avec l’accueil de plus de 3 600 nouveaux multimillionnaires en 2025, l’Italie occupe désormais la troisième position pour la relocalisation des grandes fortunes derrière les États-Unis et les Émirats arabes unis.
Forte de sa légitimité, de ses résultats et de la vague conservatrice portée par l’Administration
Trump, Giorgia Meloni a effectué une spectaculaire percée diplomatique, en se positionnant comme un pont entre l’Union et les États-Unis, entre les démocraties libérales et les démocraties illibérales en Europe, entre l’Europe et l’Afrique.
Pragmatique, elle a rompu avec sa critique de l’Union pour se couler dans la ligne tracée par Mario Draghi afin de pérenniser les aides du programme NextGenerationEU.
Elle a ainsi construit un axe politique et industriel avec Ursula van der Leyen et Friedrich Merz, renforcé par l’alliance tacite avec le PPE de Manfred Weber au sein du Parlement européen, axe qui se matérialise par la réorientation de la politique migratoire européenne et par la révision à la baisse du « Green Deal ».
Elle s’est imposée comme l’interlocutrice privilégiée de Donald Trump dans l’Union. Enfin, elle déploie une intense activité au Maghreb et en Afrique, reprenant les positions laissées vacantes par l’expulsion de la France du continent.
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(Chronique parue dans Le Figaro du 26 octobre 2025)
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