Les chocs qui frappent notre pays s’inscrivent dans un temps long, qu’il s’agisse de la crise de l’énergie ou de la montée des menaces stratégiques.
L’année 2022 marque une rupture historique et un changement d’ère. Au plan stratégique, avec l’ouverture de la grande confrontation entre les empires autoritaires et les démocraties, de l’Ukraine à Taïwan, le retour de la guerre de haute intensité en Europe, l’engagement d’un conflit hybride contre l’Union par Moscou, qui utilise l’énergie, l’alimentation, les flux de migrants, les cyberattaques, les partis populistes comme autant d’armes de déstabilisation massive. Au plan diplomatique, avec la formation de nouveaux blocs à l’est et à l’ouest ainsi que l’émancipation du Sud global. Au plan économique, avec l’éclatement de la mondialisation en blocs idéologiques, la résurgence de l’inflation et la fin du cycle de l’argent illimité et gratuit. Au plan technologique, avec le dégonflement de la bulle autour des plateformes numériques mais aussi l’affrontement direct entre la Chine et les États-Unis avec le blocus des semi-conducteurs. Au plan écologique, avec la montée des désordres climatiques, qui contraste avec l’impossibilité d’une gestion concertée des risques planétaires en raison de la conflictualité entre les grandes puissances.
L’Union est, après la Russie, la grande perdante de cette nouvelle donne. Elle bascule dans la récession ; elle voit renaître le risque systémique sur la zone euro avec le resserrement monétaire de la BCE ; elle connaît une baisse de sa croissance potentielle, amputée par le choc énergétique et la remise en question de son modèle de développement ; elle est touchée par la multiplication des mouvements sociaux contre la hausse des prix ; elle se divise autour de la crise énergétique, de l’issue à rechercher pour la guerre d’Ukraine et de son réarmement. Dans cette Europe vulnérable et meurtrie, la France a pu faire illusion. La croissance s’est établie à 2,5 % au cours de l’année écoulée, tandis que le chômage…
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